Pourquoi est-ce que Felix Otto est en prison: un essai sur l’injustice coloniale
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Introduction
Pour beaucoup de gens qui vivent en dehors de l’Europe et des États-Unis, les pays comme l’Allemagne semblent souvent être une sorte de « paradis », un lieu où les droits et la dignité de l’homme sont respectés et où les gens ont le droit au confort d’une vie basé aux droits (droits de travailler, d’éducation, de logement, des services sociaux fondamentaux etc.). En plus on pense que contrairement à certains pays de l’Afrique, de l’Asie ou de l’Amérique du sud, tous les gens sont traités égaux et que la discrimination, si elle existe du tout, est limitée à un minimum. Cette idée est propagée et est acceptée comme ça.
En vérité, il y a au niveau européen des lois qui discriminent des gens à cause de leur origine et d’autres aspects. Cela est une violation non seulement du droit européen et nationale, mais aussi de l’article premier de la constitution allemande « La dignité de l’homme est intangible… ».
Des millions de gens dans tout le monde ont compris que la promesse des droits et de la dignité n’est qu’une amère illusion, un autre mensonge, une autre promesse rompue dans une longue chaîne de maltraitances et d’injustices qui ont caractérisé les relations entre l’Europe et les États-Unis et le reste du monde.
Ainsi on considère l’Allemagne, qui représente soi-disant le meilleur et le pire de l’Europe. Le pire étant son rôle dans l’holocauste et la destruction ciblée des gens sur l’entier continent de l’Europe et le meilleur parce qu’elle a pu surmonter cet héritage, qu’elle a affronté son histoire et qu’elle a adopté un nouveau rôle comme le principal défendeur des droits de l’homme dans le monde entier.
Comme nous allons voir dans cette dissertation, ces principes sont non seulement ne pas appliqués mais aussi, comme au sujet des droits de l’homme on refuse à certains groupes de gens de leur rendre leurs droits qui devraient garantir que la dignité et l’humanité de tous les hommes soient intangibles soient respectés.
Dans ce cas spécifique nous allons nous concentrer sur l’obligation de résidence, aussi connu comme la loi sur la limitation de séjour. Depuis sa mise en vigueur en 1982, l’Allemagne est jusqu’à aujourd’hui le seul pays dans l’Union Européenne qui applique une telle loi pour les requérants d’asile. Cette loi est plus qu’une loi qui régule la résidence des requérants d’asile, elle est une arme de l’oppression pour contrôler les mouvements des requérants d’asile et pour assurer qu’ils restent dans les lieus qui leur sont assignés ou bien se font punissables s’ils ne la suivent pas.
Notre exemple est celui de Felix Otto. Otto est un requérant d’asile du Cameroun.
Ici, le dictateur Paul Biya gouverne cruellement depuis 1982 avec le soutient direct économique, politique et militaire de ses maîtres européens. Les adversaires de ce régime sont constamment opprimés. Dans cette mesure le Cameroun n’est pas une démocratie, pas par les standards européens et ni par d’autres. Le gouvernement camerounais vole les droits du peuple et prend par exemple des mesures comme meurtre, torture, l’arrêt sous des conditions inhumaines pour persécuter chacun qui ose protester contre cet injustice (ou qui seulement a été capturé à cause des transgressions minimums).
Felix Otto est fui de ce gouvernement à la recherche de son droit à vivre. Comme il s’est trouvé en Allemagne, il a fait la demande d’asile ici. Mais parce que l’Allemagne accepte moins de 1% des demandes d’asile, Otto a dû subir le même traitement que beaucoup d’autres refugiés ; sa demande a été refusée sous la justification que la demande était « manifestement infondée » et les instances officielles ont constaté qu’il était sécuritaire et correct de déporter Otto à Paul Biya.
Entretemps, Otto et 99% des refugiés attendent leur déportation, il leur est interdit de travailler et pratiquement de s’éduquer (avec l’exception des enfants). Ils sont obligés de mener une vie qui pour toujours consiste à « manger et dormir, manger et dormir » dans les foyers d’asile (qui par beaucoup de gens sont aussi nommés les camps de concentration). Les requérants d’asile ne peuvent même pas s’éloigner plus de 10m de leur zone sans être permis. Généralement ils sont privés de ce permis.
La loi qui régule cette limitation du mouvement est appelée l’obligation de résidence ou la loi sur la limitation de séjour.
Et Felix Otto a été emprisonné pour 8 mois parce qu’il a violé la loi, pour la violation de laquelle un allemand ne pourrait jamais être accusé, 8 mois de prison parce qu’il n’a pas suivi une loi qui était désignée à l’isoler et à le dégrader. Toutefois, Felix Otto a plutôt été condamné parce que c’était l’Allemagne où il a requêté asile premièrement et pas parce qu’il a utilisé son droit de mouvement libre.
Une condamnation universelle?
Quand les américains et les européens contemplent Cuba, ils critiquent fréquemment le gouvernement de cette île, la violation des droits de l’homme et la manquante liberté du peuple. Beaucoup disent « C’est une dictature. » Ils disent que le plus affreux de tout était le fait qu’on interdit aux habitants leur droit de mouvement.
Après des décades du soutient politique, militaire et économique et à cause de la résistance par les Sud-Africains noirs opprimés et des campagnes à l’échelle mondiale contre les pratiques injustes du gouvernement et de leur souteneurs blancs, les gouvernements de l’ouest ont été forcés de se distancer des pratiques criminelles du régime d’apartheid. Un des aspects importants de l’oppression et de la destruction de la culture des Africains noirs était le bannissement des noirs aux « Homelands ». Ces homelands servaient non seulement à emprisonner et à isoler la population dans des ghettos, mais aussi de contrôler leurs mouvements.
En Allemagne, dans un pays qui avait été dévasté par ses propres idéologies racistes et la guerre que celles-ci ont causé, le peuple juif était assemblé dans des ghettos longtemps avant la création de « Endlösung ». Pour les juifs, c’était un crime de se trouver au dehors des zones qui leur étaient assignés et ils pouvaient recevoir une peine d’amende ou de prison. Comme l’auteur de l’ouvrage « La destruction des juifs d’Europe », Raul Hilberg explique, l’établissement des ghettos avait 5 buts principaux :
1. Empêcher les relations sociales entre les juifs et les (autres) allemands
2. Créer une burocratie administrative juive (le conseil juif)
3. Mesures d’identification
4. Limitation des lieus de demeure
5. La régulation de la liberté de mouvement
Après la Seconde Guerre Mondiale l’Allemagne a été partagée par les forces d’occupation ; l’Angleterre, les États-Unis et la France ont reçu la partie ouest de l’Allemagne et l’URSS la partie est. Au sein de la période qui à tort est appelée « la guerre froide » (à tort parce que ce nom implique une situation détente mais en réalité des millions de gens ont payé le prix de ce qu’on appelle « froid » en Europe et aux États-Unis avec leurs vies) il ya eu une guerre idéologique et au moins dans le monde de l’ouest on a expliqué au peuple que parmi les libertés qu’on a interdit aux allemands de l’est se trouvait l’interdiction de voyager au dehors du pays. Après la chute du mur de Berlin, les allemands dans toutes les deux parties du pays ont célébré la liberté de séjour entre les autrefois séparés états allemands.
Tous ces cas dans lesquels le droit de séjourner du peuple (éventuellement dépendent des victimes) avait été raccourcit, ont été jugés par les gouvernements de l’ouest et leurs sociétés dans le nom des droits de l’homme, même s’il a fallu un holocauste dans le cas d’Europe ou même si ces cas ont rencontré une résistance continuelle du bas et une condamnation à l’échelle du monde, comme dans l’exemple de l’Afrique du sud.
Les droits de l’homme pour tous?
Le génocide et la destruction de la Deuxième Guerre mondiale ont mené au fait que les forces de l’ouest signèrent la déclaration universelle des droits de l’homme, les conventions sur la protection des réfugiés et d’autres garanties des droits de l’homme. Ces documents étaient désignés à protéger des peuples menacés d’être persécutés et à leur permettre l’asile en étranger en cas où ils sont persécutés. La déclaration universelle des droits de l’homme que les États-Unis et l’Europe ont signé, garantit entre autres :
1e Article
Tous les hommes sont libres et sont nés égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et conscience et doivent se traiter en esprit de fraternité.
2e Article
Tous les hommes sont égaux devant la loi et ils ont également le droit d’exiger la même protection par la loi.
8e Article
Chacun a le droit d’une assistance juridique chez les courts nationaux contre les actes, par lesquels les droits fondamentaux que la constitution ou de la loi citent, sont blessés.
9e Article
Personne ne peut être arrêté, emprisonné ou exilé arbitrairement.
13e Article
Tous les hommes ont le droit de séjourner dans les frontières d’un état et de choisir leur demeure.
14e Article
1.Tous les hommes ont le droit de chercher et de trouver l’asile de la persécution dans l’étranger.
En outre, la convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, changée par le protocole de 1967 définit dans le premier article un refugié comme suivant :
« Une personne qui se trouve au dehors du pays dont la nationalité il a, qui par le peur justifiée de la persécution à cause de sa race, sa religion, sa nationalité, son appartenance à un certain groupe social ou ses opinions politiques et qui ne peut pas profiter de la protection de ce pays ou ne veut pas profiter de cette protection à cause de ses soucis ; ou une personne qui se trouve au dehors du pays dans lequel il demeurait et ne peut pas y retourner ou ne veut pas y retourner à cause des soucis cités ci-dessus… »
Bien que ces soi-disant droits universelles soient généralement crées à cause des atrocités des Nazis et de la nécessité d’éviter de tels crimes dans l’avenir, ils ont été retenus à la plupart des non-blancs (ceux qui ont été colonisé par l’Europe et les États-Unis). L’universalité des droits de l’homme a été retenue justement à ces gens qui, depuis des siècles avaient souffert des conséquences de l’entretien génocide en Afrique, en Asie, en Amérique du sud et dans le Proche-Orient. Effectivement nous ne devons pas oublier qu’en 1914 plus de 85% des territoires du monde étaient sous le contrôle de l’Europe et des États-Unis et la plupart de l’Afrique n’a pas pu obtenir son indépendance qu’un demi-siècle après cette date.
Par le nouvel ordre des forces et des frontières après la second guerre mondiale et les courants de migration, qui jusqu’à ce jour-là étaient premièrement dans la direction des pays colonisés des pays colonisateurs, beaucoup de gens du soi-disant « tiers monde » étaient obligés de fuir à cause des guerres économiques, politiques et civiles que les forces étrangères menaient dans leurs pays sous prétexte de la « guerre froide ».
La globalisation et les homelands modernes
(Homelands d’après L’Afrique du sud sous l’apartheid)
Même si l’obligation de résidence est une singularité spécifiquement allemande, nous devons la constater au niveau global avec des tendances plus vastes. A ce niveau le droit de séjourner n’est pas seulement enlevé, mais cette loi sert aussi comme prétexte pour des mesures d’oppression à croissance rapide, en Allemagne et en étranger. Pour comprendre les conséquences d’une loi tant barbare en Allemagne il est très important que cette loi soit observée dans le juste contexte historique. Seulement comme ça il serait possible d’identifier le crime commis contre Felix Otto comme un crime raciste commis contre l’humanité.
Les relations qu’on constate aujourd’hui entre les peuples et les cultures, ne sont pas libres du passé. Par exemple le fait que le colonialisme soit officiellement terminé, ne signifie pas du tout que les structures, les méthodes et les idéologies qui s’avaient conservés si longtemps sont tout à coup disparus. Beaucoup de gens, surtout ceux qui ont profité de ces relations injustes, ont la tendance d’oublier que le colonialisme et l’esclavage n’étaient pas limités à quelques événements isolés d’une ère malheureuse mais oubliée.
D’autre part, comme on sait, le colonialisme n’a été officiellement terminé sur le continent africain que dans la deuxième moitié du 20e siècle. C’était seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale que beaucoup de peuples africains ont par leur lutte acquis leur indépendance. L’apartheid en Afrique du sud n’a été vaincu qu’en 1994. Il est plus important de constater que, même si le colonialisme par l’invasion directe a été enfin terminé, les pratiques et les relations qui caractérisent le colonialisme existent jusqu'à nos jours.
D’une part, une analyse des procès migratoires historiques démontre de quelle façon les injustices comme l’obligation de résidence sont la continuation de l’injustice coloniale. Même si d’une façon très résumée, voilà la migration mondiale depuis l’esclavage et le colonialisme :
Les Européens qui se sauvaient de la famine et les épidémies (ce que les gouvernements appellent aujourd’hui les « fugitives économiques », n’est pas une raison pour asile) et aspiraient de l’or et d’autres richesses, ont pris de l’extension et ont commencé à coloniser le monde. A certains lieus, comme l’Amérique du nord et du sud et l’Amérique centrale la population autochtone a été chassée par force de leur pays et a été tuée, esclavagée ou forcée à vivre dans des réserves, comme dans l’exemple des homelands dans l’Afrique du Sud. Autre part, comme en Afrique, la persécution n’était pas de grande importance. Pourtant les colonisateurs blancs ont pris les meilleures régions et les sources naturelles, ont pris sous leur contrôle les gouvernements et plus important – le militaire.
Quand les pays africains ont progressivement commencé à se libérer du contrôle colonial direct qui avait duré pendant les 19e et 20e siècles, la nature des gouvernements qui étaient désormais « indépendants », dépendait des relations qu’ils établisseraient avec les ex-maîtres coloniaux. Généralement, si les leaders de ces nouveau-fondé (et parfois même nouveau-crée) états continuaient à suivre la dictée des agresseurs anciens, une politique antinationale se formait et les sources naturelles étaient épuisés par des pays de l’ouest. Si d’autre part, les pays essayaient d’aller leur propre chemin autonome, ils devaient subir des boycotts économiques, des interventions et des coups militaires.
Quoi qu’il en soit, le modèle et les conséquences sont presque toujours le même : Au lieu d’utiliser les ressources pour la consolidation de l’infrastructure nationale et pour s’en bénéficier pour les besoins élémentaires des sociétés, le peuple est chassé de son propre pays à cause de la famine et la guerre. Les droits de l’homme ont été sacrifiés systématiquement pour payer des budgets militaires exagérés et des dettes externes infâmes (double conduite de la guerre). Au même temps de diverses économies nationales, au moins celles qui étaient affiliées au capitalisme et au modèle dicté par les Nations Unies, se concentraient leurs efforts sur l’export des matières premières (du bois, du pétrole, de l’or, du cuivre, du cobalt, du cacao, des fruits etc.) aux marchés des États-Unis et de l’Europe. En échange, ces pays importaient des produits manufacturés, comme l’essence, le nescafé et des aliments manufacturés.
En conséquence de cette politique désastreuse et inhumaine, de plus en plus gens étaient obligés de s’en fuir de leurs pays, à la recherche du droit de vivre. De suite les pays de l’ouest si généreux qui avaient développé des idées nobles comme la déclaration des droits de l’homme, ont commencé à changer leur politique promptement afin de limiter la liberté de mouvement des gens qui avaient fui des pays colonisés pour trouver refuge dans l’ouest. Les conditions des visa ont été renforcées, le droit d’asile a été constamment creusé jusqu’à la non-existence et les politiciens et les média essayaient continuellement des nouvelles campagnes de harcèlement contre les réfugiés et les immigrés, ils les décrivaient comme une charge des systèmes sociaux et une potentielle menace pour la société.
La conséquence de cette politique est visible dans tous ses détails affreux : soit dans les déserts de l’Amérique du nord soit dans les eaux de la Méditerranée, des milliers de gens sont tués dans les zones frontalières de l’Europe et des États-Unis quand ils font leur voyage dangereux dans cette illusion criminelle connu comme le « paradis ». Les victimes de plus de 500 années de vol, les colonisés de ce monde sont progressivement forcés à rester dans leurs pays, sans l’espoir de recevoir le droit de vivre, ni dans leurs pays, ni en étranger. Des millions de gens sont obligés à vivre sans papiers, les soi-disant « clandestins » qui sont traités comme des criminelles parce qu’ils sont arrivés à surmonter les obstacles militaires mis sur leurs chemins et ensuite on leur a volé les droits les plus élémentaires. Des centaines des millions refugiés demeurent sans une protection réelle, sans un lieu qu’ils peuvent appeler leur maison, ils sont persécutés n’importe où ils vont.
Est-ce que tant de tragédies humaines auraient eu lieu et continueraient à avoir lieu si les victimes étaient blanches ?
La Loi sur la limitation de séjour en Allemagne
Pendant la domination des Nazi en Allemagne et dans la plupart de l’Europe, on a initié des pratiques pour contrôler la soi-disant population inférieure. De cette façon, par exemple les juifs étaient obligés de porter une étoile colorée sur leurs vêtements. Comme ces gens n’étaient pas distinguables des prétendus membres de la race mythique des Aryens, l’étoile colorée facilitait leur identification comme des juifs par la population et par la police.
Même si tout cela est la vérité, on a aujourd’hui comme hier une loi qui interdit aux refugiés de séjourner au dehors de la zone qui leur est attribuée. Cette loi, connue comme obligation de résidence ou la loi de la limitation du séjour a été initiée sous cette forme en Allemagne en 1982. Comme les gens concernés sont presque toujours des non-blancs, il n’est pas nécessaire d’utiliser des étoiles colorées pour identification (ou pour bannissement)
Les instances affirment que cette loi est nécessaire pour le contrôle des requérants d’asile, pour savoir où ils sont au cas où on leur appelle au court ou on leur expulsera. Quoi qu’il en soit, le vrai but de l’obligation de résidence n’est pas constater la demeure des requérants d’asile, mais plutôt limiter leurs mouvements en Allemagne. Pour imposer cette loi la police allemande patrouille dans les stations, aux arrêts d’autobus et dans les zones frontalières.
Une histoire simplifiée se passe ainsi :
X risque tout et pour survivre et trouver le droit de vivre, il vient en Allemagne. Au moment où il foule le sol de ce pays on prend ses empreintes digitales et il est éventuellement arrêté jusqu’á ce qu’il est attribué à un camp de refugiés (une sorte de prison en plein air) quelque part en Allemagne. Généralement ces camps sont au milieu de la forêt dans des anciennes casernes d’armes de l’armée populaire de l’ancien Allemagne de l’est.
Sans le permis de travail et sans aucune possibilité d’apprendre la langue allemande, on dit à X qu’il doit rester dans la zone assignée jusqu’à ce que les procédures soient complétées et qu’il peut quitter cette zone seulement en prenant un permis des instances en avance. Là où X vit, il n’y a personne de son pays. On lui donne des coupons au lieu d’argent pour qu’il fasse les courses. Déjà traumatisé parce qu’il était obligé de quitter sa famille et ses amis et qu’il avait fait un séjour dangereux dans un pays qu’il ne connaissait pas, X a des sévères dépressions.
Enfin il réussit contacter des gens de son pays. Ils vivent dans une autre ville et l’invitent chez eux pour quelques jours pour qu’il se repose et qu’il sorte du camp un peu. Pour ne pas risquer sa demande d’asile il va à l’office des étrangers pour obtenir un permis. Parce qu’il n’a pas eu de possibilité d’apprendre l’allemand il aura possiblement beaucoup de difficultés à communiquer avec les responsables, on ne lui aide pas parce que les responsables insistent qu’on parle seulement allemand dans l’office (même s’il parle une des langues coloniales comme le français, l’anglais ou l’espagnole).
Sur un ton rude et avec beaucoup de mots que X ne peut pas comprendre, on lui explique : il n’est pas comme touriste en Allemagne mais un requérant d’asile. Logiquement il ne peut pas visiter des amis, on donne une permission seulement dans un cas d’urgence ou pour visiter un avocat, on lui dit de quitter l’office pour ne pas compromettre sa demande d’asile.
Quoi qu’il en soit, X ne peut plus supporter la monotonie de la prison en plein air, les insultes du personnel qui y travaille, les dépressions des autres « prisonniers en pleine air ». Il décide de partir et de visiter ses amis au lieu de devenir fou dans cet affreux lieu. X sort la première fois de sa zone, ignorant ce qui l’attendait.
X arrive à la première station de train, il lui reste 5 minutes pour trouver sa correspondance. Des voix éclatent des haut-parleurs, qui projettent un flot de paroles incompréhensible. X est confus et il cherche quelqu’un qui peut l’aider, mais il rencontre seulement des regards haineux. Parce qu’il ne sait pas quoi faire il marche au long du quai pour arriver au porche et trouver sa correspondance. Il y a des gens partout et il descendait les escaliers quand soudain il rencontre deux agents de police. « Papiers ! » X ne comprend pas ce qu’on lui dit et pourquoi ils sont si agressifs. « Papiers, donne-nous ton passeport ».
X est intimidé et il ne sait pas quoi faire. Il suppose qu’ils veulent voir ses papiers mais il n’est pas sûr pourquoi. Il n’a fait rien de mal. Le train est plein de gens qui le regardent. Enfin X leur donne ses papiers d’identité allemands (on lui avait pris son passeport à son arrivé en Allemagne) et quelques minutes après on le met dans une voiture de police, et là il attend le train prochain. Il ne pourra pas visiter ses amis. On le remporte à son prison en plein air, où il sera punis parce qu’il a quitté la zone qui lui est assignée.
L’élaboration de sa demande d’asile dure plusieurs années. Entretemps la routine de seulement manger et dormir devient insupportable. X fait quelques séjours au dehors de sa zone, il ne demande plus de permission, après tant de refus. Même s’il voyage rarement, la punition qu’il doit payer pour son « crime » s’est additionnée à plusieurs cents d’euro. Il n’a pas la permission de travailler, il doit vivre de 40 euro d’argent liquide par mois et il a maintenant le choix entre le travail forcé dans le camp ou dans la prison.
Après quelques années qui passent de telle façon, son seul statut de demeure est « toléré », ce qui veut dire qu’il est seulement toléré tant qu’on a arrangé son expulsion. Le gouvernement allemand constate que sa demande d’asile est « évidemment injustifiée » et que c’est sécuritaire de retourner à la maison. A la fin, X a perdu beaucoup d’années de sa vie précieuse pour rien. Pendant sa demeure en Allemagne X n’avait pas la permission de travailler ni d’apprendre quelque chose. Menotté et accompagné de deux agents de police, X sera expulsé par force à son pays, sans un centime dans ses poches, pour toujours blessé par le trauma du traitement inhumain dans l’Allemagne démocratique.
Liberté pour Felix Otto !
La double morale des sociétés de l’ouest qui proclament les droits de l’homme et initient des lois contre la discrimination sont en contradiction avec la réalité où les gens du monde colonisé sont encore maltraités, ces gens qui, après plus de 500 ans après l’arrivée du colonialisme européen ne méritent toujours pas les mêmes droits que leurs maîtres coloniaux.
En même temps, la politique allemande qui est incroyablement raciste provoque une situation dans laquelle la société s’éloigne de plus en plus de la voie juste et on donne un message net à des millions de gens comme Felix Otto : Tu n’es pas le bienvenu. Si tu restes, nous allons te punir et te détruire jusqu’à ce que tu partes ou nous allons te chasser.
Nous sommes tous, sans exception, le produit d’un système brutal d’exploitation et d’oppression qui marque nos vies et notre psychologie. Nous sommes tous attachés à cet esclavage qui déclenche de ces chaînes d’horreur, dont nous ne sommes pas encore libres. Personne n’en est libre, nous sommes seulement attachés à cette horreur de différentes positions.
Que différents les perspectives soient, jusqu’à ce que nous nous confrontons aux différents positions à ces chaînes et à la misère humaine complètement inutile qu’elles produisent, jusqu’à ce que nous nous unissons aux deux bouts de la chaîne et faisons de notre mieux malgré nos adversités pour briser les chaînes, les relations d’agresseur et de victime, de colonisé et de colonisateur vont continuer à exister. Entretemps ce n’est pas seulement Felix Otto qui sera emprisonné. Des milliers de gens comme lui le suivront.
Où commencer ?
Liberté pour Felix Otto
Feix Otto doit être libéré. Chaque jour qu’il passe en prison, n’est pas seulement un jour qu’on lui vole de sa vie, mais aussi un jour où les chaînes auxquelles il est attaché ruinent notre âme collectif. Son emprisonnement est un crime contre toute l’humanité et parce que cette loi allemande inhumaine concerne seulement les non-blancs (et dans quelques cas les européens de l’est, qui sont traditionnellement vus comme inférieurs), elle peut et doit être caractérisée comme un crime raciste, comme un crime basé sur la couleur de la peau d’une personne.
Son emprisonnement est inconciliable avec toute mesure démocratique et constitutionnelle d’un pays qui respecte les droits de l’homme. Effectivement le gouvernement allemand force des stratégies racistes dans le but de rendre légal et acceptable les contrôles de police où les gens dont l’apparence suggère qu’ils violent cette affreuse loi, ça-veut-dire les non-blancs, en particulier les noirs.
Au lieu d’avancer dans une ère où la charge de l’esclavage et du colonialisme sont une mémoire importante pour les droits de l’homme et la barbarie, des stratégies comme l’obligation de résidence nous font réaliser la vérité amère que cette mentalité et ces pratiques n’ont jamais pris fin, qu’ils se sont seulement modifiées.
Combien de plus allons-nous permettre tous cela à continuer ?