Bonjour à toutes et à tous,
Pour les amateurs du théâtre, le rappel d’un crime contre l’humanité sous une forme théâtrale pourrait être perçu, soit comme une hérésie envers l’art, soit comme une approche passionnante et utile pour faire circuler l’information. Toujours est-il que les Editions Anibwé* viennent de publier « Kongo, les mains coupées », une pièce visant à rappeler et commémorer le renversement du gouvernement légitime et démocratique qu’en 1960, dirigeait le Premier Ministre Patrice Lumumba dans la République congolaise naissante.
La responsabilité des puissances occidentales dans ce crime ne saurait être sérieusement contestée par personne ; alors, personne n’en parle. Les commentateurs, politologues, journalistes et autres spécialistes de l’Afrique, préfèrent insister sur la corruption et présenter l’absence de démocratie, comme une fatalité qui s’expliquerait parce que les Africains ne sont pas encore assez mûrs pour réussir le travail très difficile d’une construction démocratique. Et ce discours, mensonger et grossier, passe néanmoins comme une lettre à la poste, grâce au fait que le plus grand nombre ignore ou a complètement oublié, la manière dont les leaders africains les plus attachés à l’indépendance de leurs pays, à la souveraineté et à la démocratie, furent méthodiquement assassinés parce qu’en Afrique la démocratie est contraire aux intérêts des puissances qui pillent les richesses de ce continent.
Pour mémoire, il importe de rappeler que, parmi les crimes tragiquement insidieux ayant caractérisé la domination coloniale, mérite spéciale attention la politique de re-tribalisation visant à exacerber les conflits interethniques là où ils existaient ou les créer là où ils n’existaient pas.
Cependant, des leaders populaires dont Lumumba, ayant dépassé ces clivages ethniques favorisés par les besoins de la domination impérialiste, travaillèrent à organiser l’ensemble des peuples congolais derrière un objectif national : la libération du Congo et la construction d’une République libre, indépendante et démocratique. Il est assez significatif qu’en 1960, malgré les efforts de la puissance coloniale belge afin de rallumer la haine tribale, la majorité des Congolais firent, néanmoins, le choix de l’indépendance et l’élection d’un gouvernement démocratique. Ce fut le gouvernement dirigé par Patrice Lumumba.
Par ce choix, auquel nous devons restituer toute sa dimension, les Congolais donnèrent tort voici 50 ans à ce discours colonialiste suivant lequel, il y aurait des peuples qui ne sont pas assez mûrs pour aspirer à vivre en démocratie… Ils montrèrent que, en réalité, n’importe quel peuple est assez
mûr pour faire le choix qui lui conviendrait le mieux, pour peu que son droit de choisir librement, sans ingérence, soit respecté. Les Congolais portèrent au pouvoir Patrice Lumumba et ses compagnons du Mouvement National Congolais, parce qu’ils se reconnaissaient dans la démarche de ces hommes qui interprétaient si fidèlement leurs aspirations de liberté, d’indépendance
et de démocratie.
Mais, au 20ème comme au 21ème siècle, les pouvoirs coloniaux ne tolérant pas en Afrique l’existence d’un gouvernement dont la légitimité et le fonctionnement reposaient sur le soutient de son peuple, ils commanditèrent son renversement afin d’étrangler la liberté et mettre fin au processus de démocratisation congolais. Une fois Lumumba et ses compagnons assassinés,
les intérêts coloniaux ont été bien servis par des marionnettes mises au pouvoir à cette fin. Depuis, le peuple congolais n’a pas cessé d’être dépouillé de ses richesses et d’être victime de toute sorte de violations à commencer par la violation du droit à la vie. Je vous invite à lire Kongo, les mains coupées et vous fais suivre, en pièce jointe, la couverture.
Je vous salue fraternellement,
Rosa Amelia
*Librairie ANIBWE
52, rue Greneta 75002 Paris
Tél. : 01 45 08 48 33
Métro : Les Halles, Réaumur Sébastopol, Sentier