Haliti, Shani (39ans), un père célibataire avec deux enfants.
Le 12 Novembre 2015, Shani Haliti a reçu une lettre lui notifiant son expulsion imminente. Depuis lors, ses enfants et lui vivent dans la peur constante de l'expulsion vers un pays (la Serbie), où ils sont menacés de mort.
Voici son histoire:
Le 25.03.1999, pendant la guerre du Kosovo, l'armée serbe est venu à deux (02h) heures du matin à Urosevac (Kosovo) chez Shani Haliti et ses parents. Ils l'appelaient la force, qui est, ils l'ont enrôlé de force sans préavis et l´emmené avec eux. Il était sommé de les suivre dans les dix minutes suivantes tout comme les autres roms et serbes de toute la ville. Dans la zone de la ville où il a vécu, il n'y avait pas d'autres musulmans, lui et sa famille étaient les seuls.
Dans l'armée, il a connu un gros stress et surtout une grande crainte dans la guerre. Quand il était dans un convoi de camions sur son chemin à une base militaire, le premier camion a roulé sur une mine et a explosé. M. Haliti était heureusement vers l´arrière du convoi, dans un autre camion. Il devait nettoyer l'endroit avec les autres, et enterrer les corps.
Des besognes telles que récupérer cadavres dans des zones particulièrement dangereuses et les enterrer, étaient toujours réservées aux Roms. Les Serbes, envoyaient les Roms là-bas pour faire ces choses.
Au début de son temps dans l'armée, le fait que Shani Haliti soit musulman n'a pas été si important. Mais après que beaucoup Serbes avaient été tué par les Albanais musulmans, ils ont commencé à haïr les Roms musulmans, et de menacer de les tuer, comme les Albanais l’avaient fait. Dans son groupe, il était le seul musulman et donc a été à plusieurs reprises confronté à l'hostilité.
Pour cette raison il toujours voulu s´ échapper et fuir l'armée, mais n'a jamais cette opportunité. Il a donc dû y rester jusqu`en juillet 1999 lorsque les troupes de l'OTAN de la Macédoine sont venus au Kosovo et sont intervenu dans la guerre. C´est en ce moment que les premiers signes de problèmes de santé mentale, qui ont ensuite été diagnostiqués comme la psychose schizo et les tendances suicidaires, se sont révélés chez M. Haliti.
Suite à l'intervention de l’OTAN, l'armée serbe s´est retirée encore en ce Juillet 1999 du Kosovo. Les commandants se sont habillés en tenues civiles et ont fui dans les voitures, et les soldats serbes eux ont été transportés par camion. Les Roms ont été abandonnés et devaient se débrouiller seuls. On leur avait dit, il y aurait d'autres camions pour les ramasser, mais personne ne vint. Ils leur avaient menti et ils ont dû se débrouiller par eux-mêmes. Shani Haliti ne savait pas où aller.
Finalement, il est retourné avec son uniforme serbe chez lui à la maison. Quand les Albanais civils l'ont vu, ils ont voulu le prendre, enlever et tuer. Quand il a réalisé qu'ils veulent l´arrêter, il a dû les menacer de son arme pour protéger sa vie. Puis il a fui dans une église orthodoxe, où le prêtre l´a caché jusqu'à la tombée de la nuit. Il lui a donné des vêtements civils et l'a conduit au travers de la frontière serbe.
Il a ensuite fui vers la Serbie à Bujanovac dans un campement de Roms. Là, il lui a été a dit que de nombreux Roms ont fui le Kosovo pour Subotica près de la frontière hongroise, et il est allé là-bas aussi. C´ était en Août 1999.
A Subotica, il a essayé de trouver un appartement et de l'aide. Les gens lui ont toujours demandé d'où il venait et quel était son nom et quelle était sa confession religieuse. Et quand il a dit qu'il est du Kosovo et un musulman, on lui a tout refusé en disant: Hors de question, vous êtes les même que l'UCK.
Avec de très nombreuses difficultés il a finalement trouvé une chambre. Mais en raison de la grande haine entre Albanais et Serbes, il n´a pu trouver aucun travail. C´était si difficile parce qu´on pouvait reconnaitre à partir du nom que quelqu'un est musulman et d´office pas en mesure de trouver du travail. Mais même auprès des autorités ou chez les médecins, il a été mal traité et personne ne voulait l'aider parce qu'il est musulman.
Immédiatement après son arrivée à Subotica fin Août 1999, M. Haliti était voir pour la première fois un médecin qui lui a fourni des médicaments, en raison de ses problèmes de santé mentale. Après six mois, le médecin l'a envoyé voir un psychiatre. Là aussi, il a reçu des médicaments et a commencé une thérapie par la parole. Ces médicaments ne l´ont pas vraiment aidé et par ailleurs il devait les payer de ses propres poches. Ce médecin l´a discriminé comme tous les autres en raison de son origine et sa religion, il lui a donné aucun rendez-vous et constamment retardé le suivi de son traitement. Les médicaments ne sont pas bons, ils ne contribuent pas et il a dû les payer vous-même. Après un moment, on ne lui laissait même plus de voir le médecin et il n'a plus obtenu de rendez-vous.
Il a essayé à plusieurs reprises de se suicider la période où il était suivi par le psychiatre pour le traitement. Il s´est coupé les veines et a essayé de se pendre. Il fait part de tout ça au psychiatre, mais celui-ci ne voulait toujours pas le traiter, ni l'envoyé à l'hôpital psychiatrique. Il était le seul Roms dans sa clinique, et là-bas il régnait tout le temps une atmosphère de discrimination.
En 201 M. Haliti a encore fait la rencontre à Subotica d´un Romnja orthodoxe, qu´ il connaissait déjà depuis sa région natale. Il a vécu avec elle et elle a pris ses deux fils avec elle.
Bien que sa situation se soit quelque peu améliorée, il entendit souvent quand son premier enfant pleurait, les même cris de la guerre ce qui le stressait encore. Il devait sortir de la maison et seulement là, il était en mesure de se calmer.
La famille a ensuite vécu ensemble dans un appartement plus grand avec sa mère. Cela a été possible parce qu'elle était orthodoxe. Les enfants ont pris le nom de la mère, de sorte qu'ils ont été épargnés par la haine contre les musulmans. M. Haliti était doublement haï et marginaliser, d'abord parce qu'il est d´une part Rom et d'autre part parce qu'il est musulman.
Les deux fils allaient à la même école à Subotica. Là, ils ont été battus par les autres enfants. Shani Haliti s´est alors plaint à l'école que cela ne devrait plus arriver. Par la suite, il y avait une réunion parents-enseignants en Octobre 2013 où les parents d'enfants serbes qui avait battu ses fils ont pris part. Après la conversation, devant l´école, ces parents lui ont alors dit: Que cherches-tu ici? Ce pays n’est pas votre terre! Ils ont menacé de tuer sa famille s´ils ne s´en vont pas et quittaient la ville parce qu'ils étaient Roms aussi musulman. Il a ensuite menacé de porter plainte contre eux au poste de police. Ils ont dit: Faites-le tranquillement, ça ne vous aidera pas, c´est notre police, ils sont nos amis.
Il a ensuite déposé une plainte auprès de la police, mais ils n´ont rien entrepris. Une demi-douzaine de serbes l’a attaqué le 25 Novembre 2013 et l´ont battu. Les menaces ont augmenté à son encontre. Après la bagarre toute la famille l´a une fois de plus menacé avec la mort : si vous ne partez pas, nous allons tuer toute votre famille. Sur le mur de sa maison, ils ont pulvérisé: Tuez les Albanais!
Suite à ces incidents, la mère de l’enfant s´est séparé de des enfants. Il y a une décision de justice qui lui attribue la garde des enfants. Dans le même temps, il était clair qu'ils ne pouvaient pas continuer à y vivre, parce qu'ils n´étaient plus sûrs de leurs vies. M. Haliti a demandé à la mère des enfants de toute façon, de rester avec eux à cause des enfants, et parce qu'il ne voulait pas quelque chose leur arrivent s´il devait fuir.
Pris de peur de la mort, toute la famille a ensuite fui le 28/11/2013 vers l'Allemagne, car leur sécurité n´était plus assurée ni en Serbie encore moins au Kossovo puisqu´ils étaient menacé de mort dans les deux pays. Ici en Allemagne ils été admis dans plusieurs centre d´accueil pour refugiés(Erstaufnahmelager). La mère des enfants est venue avec lui en l'Allemagne. Mais en Décembre 2013, elle est allée dans un autre centre d´accueil suit à un transfert. Ce même mois, M. Haliti et ses deux fils ont été redistribués à Eisenberg.
Le 03/03/2014, M. Haliti et ses deux fils sont venus à Erfurt. Sa demande d'asile a été rejetée en Juillet 2014 et M. Haliti a porté plainte contre le refus. Cette plainte a également été rejetée par le tribunal de Gera. Pour éviter d'être expulsés par la police, il a dû signer le soi-disant «départ volontaire». Le 24/10/2014, il a dû retourner en Serbie avec ses enfants. Il retourna à Subotica, dans l'ancien appartement.
Au 03/11/2014, les enfants devaient repartir à l'école. M. Haliti avait espéré que les menaces sont terminées, mais tout a commencé à nouveau. Les enfants ont été battus à l'école tous les jours par les autres enfants et lorsqu´ils se sont plaints à l'enseignant, elle a minimisé les faits et a répondu que ce n´ n’était pas si grave.
Le 27/01/2015 les parents des enfants sont venus à leur maison. Ils sonnaient en scandant: Nous savons que tu es là, pourquoi ne viens-tu pas? Tu ne viens pas, parce que tu es coupable.
Et puis, ils ont appelé la police et leur ont dit qu'il stockait des armes à la maison, et serait en train de planifier un attentat terroriste. Aux environs de 20h du soir vint une unité spéciale dans son appartement, au motif qu'ils avaient des preuves qu'il aurait apporté des armes du Kosovo. Il leur demanda d´où avaient-ils ces indications les parents des enfants serbes ont présumé: Vous nous avez dit. Il a contredit et la police lui a dit qu'il ne pose plus de questions, mais simplement répondre à leurs questions.
La police lui a crié dessus et a braqué une arme à sa tête. Ils ont dit: vous n´avez besoin de rien expliquer, nous vous emmenons au poste de police et là vous expliquerez tout quand nous allons vous battre. Les enfants étaient dans une autre pièce et ont tout entendu. Ils ont ensuite été emmenés par la police à la cour, de sorte que la maison puisse être fouillée. Ils sont retournés par la suite dans la maison et y sont restés seuls.
M. Haliti a été emmené dans un poste de police dans le sous-sol, où ils ont fait les interrogatoires. Ils l'ont gardé là de 22h00 à 24:00, l'ont battu et menacé: Dites la vérité, ou nous vous tuerons. Il a ensuite dit: vous pouvez me tuer maintenant, vous avez ca dans votre main et je ne veux pas avoir ça dans mes mains.
N´ayant rien trouvé à l'intérieur de l'appartement, ils l'ont relâché au bout de deux heures. Et ils lui dirent que les enfants devraient aller à nouveau le lendemain matin à cette école et il lui devait à nouveau se présenter à la police le lendemain matin à 7:00 . Lorsque M. Haliti était de retour chez lui, il appela ses amis et leur dit ce qui était arrivé, mais ils ont dit: Nous ne pouvons pas vous aider, parce que nous ne voulons pas avoir des problèmes avec la police. Il leur a demandé des conseils sur ce qu'il pourrait faire, et ils proposé d'organiser un petit bus et un chauffeur et l´éconduire. Ils lui ont dit que c´ était la seule chance, le plus tôt possible d'aller loin de là. Mais il a dit qu'il n'a pas d'argent pour cela. Les amis lui ont dit que sans argent cela n´était possible, parce qu'il est dangereux pour eux, parce que les policiers seront à sa recherche pour 7h du matin horloge et par conséquent, ils sont aussi en danger.
Il a réveillé les enfants et puis aussi dans la même nuit et ils ont dû marcher jusqu'à l'autoroute, car le chauffeur ne voulait pas attendre à l'extérieur devant la porte. Les enfants ont très peur que quelqu'un pourrait les suivre. Mais tout est allé bien, ils ont rencontré le conducteur sur la route et il les a conduit jusqu´en Allemagne.
Quand ils sont arrivés en Allemagne, le pilote les laisser descendre, mais a pris leurs passeports loin parce qu'ils lui devaient de l'argent. Le 28/01/2015, elle était de retour à Erfurt.
Le 30/01/2015 ils se sont présentés au bureau de l’immigration d’Erfurt à nouveau et M. Haliti a signifié son intention de soumettre une deuxième demande d'asile. Il ne comprit pas la réponse et il a obtenu juste une adresse pour un appartement dans la Hans – Seiler-Straße et une autorisation provisoire de séjour. Il n’a pas reçu de rendez-vous pour un entretien.
En Mars ici à 2015, il a reçu une autre lettre dans laquelle il a été demandé de quitter volontairement l'Allemagne. Il a refusé, parce qu'il n'a pas de lieu sûr pour lui et ses enfants où il peut aller.
En Août 2015, il a été demandé par écrit d´ obtenir leurs passeports. Mais il ne peut pas les obtenir, parce qu'on les obtient juste lorsqu’on fournit l'argent pour le voyage.
Le 12 Novembre, 2015, on a reçu une lettre d´expulsion. Depuis lors, lui et ses enfants vivent dans la peur constante de l'expulsion vers un pays (la Serbie), où ils sont menacés de mort.
M. Haliti est sous traitement pour ses problèmes psychologiques. Il obtient plusieurs médicaments qu'il doit prendre tous les jours. M. Haliti va beaucoup mieux ici en Allemagne qu'avant. Cependant, le stress est très mauvais pour lui, et la menace d´expulsion et de l'incertitude de sa situation conduisent souvent aussi à des phases où il va très mal psychologiquement. Il est déprimé, a des pensées suicidaires et entend surtout le soir à nouveau les images de la guerre. Ensuite, il ne peut pas dormir et est constamment fatigué.
Pour ses deux enfants M. Haliti est toujours là et prend soin d'eux du mieux qu'il peut. Pour lui, il est important que ses enfants puissent terminer leurs études avec succès ici. Ce qui est impossible pour eux en Serbie, parce qu'ils ne reçoivent pas de financement, et sont toujours marginalisés.
M. Haliti est activiste dans « Roma Thüringen » depuis son premier séjour en Allemagne. Il soutient d'autres réfugiés Rom aux rendez-vous dans les bureaux, avec des médecins ou des avocats. Il représente également « Roma Thuringe » auprès du grand en public, par exemple, lors des demandes de manifestations ou à la presse. Dans ce contexte, il travaille aussi avec Radio F.R .E.I. En outre, il est actif dans le travail de connexion avec d'autres organisations de réfugiés comme The VOICE Refugee Forum.
Roma Community Thuringen, Erfurt
http://breakdeportation.blogsport.de/
The VOICE Refugee Forum (Community Network)
Email: thevoiceforum@gmx.de
Deportation Is Criminal......
We can NOT live to tolerate the fascist deportation tradition of the political class in Thueringen. Deportation is criminal, therefore it is an organized terror by the corrupted society.
Power to the people!
I am empowered by the continuous protest to expose the political monsters of the German isolationist parliamentarians.
In solidarity, we remain.
osaren Igbinoba, The VOICE Refugee Forum
English
Press Release 16.12.: Protest against nightly deportation in Erfurt
https://thevoiceforum.org/node/4050
Deutsch
Pressemitteilung: 16.12.2015 // Protest gegen nächtliche
Sammelabschiebung in Erfurt
https://thevoiceforum.org/node/4049